Laura Robelin
Pourquoi sommes nous déprimés en automne ?
L’arrivée de l'automne, avec son lot de grisaille, de pluie et de journées bien fraîches, peut parfois être un peu difficile à supporter. Le moral n'est alors pas au beau fixe et l'anxiété que se faire sentir. On parle souvent de déprime automnale mais cela porte un nom scientifique : les troubles affectifs saisonniers.
Sommaire :
Qui est touché par ces troubles ?
Quels sont les symptômes des troubles affectifs saisonniers ?
Quelles en sont les causes ?
Existe-t-il des traitements ?

Qui est touché par ces troubles ?
Tous les âges peuvent-être affectés par ces troubles mais les plus jeunes et les personnes âgées seront les plus touchés de façon générale. Les femmes semblerait plus touchées que les hommes (ratio 4 :1). Concernant la prévalence (nombre de cas dans la population à l'instant t), des études épidémiologiques ont montré que 1 à 10 % de la population est touchée, dépendamment de la latitude. Cette prévalence est en effet plus importante dans les pays nordiques, à hautes latitudes. En ce qui concerne la France, 15 % de la population totale serait touchée par ces troubles.
Quels sont les symptômes des troubles affectifs saisonniers ?
Les personnes souffrant de troubles affectifs saisonniers vont 6 principalement présenter des symptômes ressemblant à de la dépression. Cependant, le critère de la saisonnalité est primordial. Ces symptômes apparaissent à l’automne et à l’hiver et disparaissent à l'arrivée du printemps ou de l’été.
Outre la dépression, ces troubles affectifs saisonniers se caractérisent par un sommeil perturbé, la plupart du temps le sommeil est augmenté, on parle d'hypersomnie. On observera également une augmentation de l’appétit accompagnée souvent d’une prise de poids, des envies récurrentes de sucre, une perte d'énergie, de la fatigue ainsi qu'une diminution de l'activité sociale.
Quelles en sont les causes ?
A l'heure actuelle, plusieurs hypothèses sont retenus pour expliquer ces troubles affectifs saisonniers.
La première hypothèse concerne le rôle d'un neurotransmetteur (molécule chimique libérée est utilisé par les neurones pour la transmission d’information): la sérotonine. La sérotonine est une molécule neurochimique que l'on retrouve dans le système nerveux humain et qui joue des rôles très importants. Elle a notamment une fonction essentielle dans la régulation de l’humeur, des émotions, du sommeil ou encore de l’appétit. Une diminution des taux de sérotonine dans le cerveau est associée à une humeur et des émotions plutôt négatives, un sommeil perturbé ainsi qu’un appétit altéré. Selon certaines études scientifiques, il semblerait une diminution des taux de sérotonine soit impliquée dans les troubles affectifs saisonniers. Les taux de ce neurotransmetteur dans le cerveau sont largement réduits en automne/hiver en comparaison à ceux que l'on peut observer en été par exemple. Cependant, les variations de ces taux de sérotonine saisonnières ne semblent pas encore tout à fait expliquées à ce jour.
La seconde hypothèse repose sur les variations de la luminosité ambiante à cette saison. À l’automne et en hiver, les jours sont raccourcis et la période lumineuse, appelée photopériode, est réduite. Or, il faut savoir que l’exposition à la lumière du jour a un impact biologique majeur sur notre métabolisme via la production d'une hormone : la mélatonine.
La mélatonine, souvent appelée l’hormone du sommeil, est une hormone sécrétée par la glande pinéale (glande se trouvant dans le cerveau) qui a un rôle majeur dans la régulation des rythmes chronobiologiques, c’est-à-dire des rythme jour/nuit, du fait qu'elle soit synthétisée durant toute la nuit. En d'autres termes, la glande pinéale, via la mélatonine, informe le cerveau sur les durées relatives d’heures d’éclairage et d’obscurité, et « dit » au cerveau que lorsqu'il fait sombre, c'est le bon moment pour dormir. Ainsi, à l'arrivée de l'automne et de ses périodes d’éclairage plus courtes, la synthèse de mélatonine peut être perturbé entraînant des troubles du sommeil.
Existe-t-il des traitements ?
Nous disposons à ce jour de plusieurs remèdes ou traitements pour réduire ces troubles :
La luminothérapie : le principe de cette thérapie est de recréer la lumière blanche du soleil à l'aide d'une lampe spécifique. La lumière à laquelle on s'expose via cette lampe va émettre des rayons qui vont être captés par les cellules de la rétine, qui vont ensuite envoyer un signal à la glande pinéale citée précédemment, qui va ainsi réguler correctement la synthèse de mélatonine et rééquilibrer le sommeil. Afin d’avoir une lampe de luminothérapie efficace et sûr, il est conseillé d’acheter celle-ci auprès d’enseignes spécialisées.
Les traitements médicamenteux : lorsque les symptômes sont sévères et qu'ils impactent fortement le quotidien, il est possible de mettre en place, auprès de votre médecin traitant, un traitement médicamenteux à base d'antidépresseur qui va permettre de réguler les taux de sérotonine.
Les compléments alimentaires : une complémentation adaptée peut aider à faire face à ces symptômes de troubles affectifs saisonniers. Le Griffonia en particulier est recommandé car il est composé de tryptophane qui est indispensable à la synthèse de sérotonine.
La thérapie cognitivo-comportementale : il est également possible de mettre en place, chez un professionnel de santé, une thérapie cognitivo-comportementale qui vous aidera à travailler les pensées, les émotions ainsi que les comportements qui entretiennent l’état dépressif. Les troubles affectifs saisonniers ou « blues hivernal » ne sont pas une fatalité et sont réversibles. N'hésitez pas à aller consulter un professionnel de santé si vous en ressentez le besoin !
Sources
[1] Seasonal affective disorder. Stuart L et Al., Am Fam Physician, 2012 [2] Light therapy for preventing seasonal affective disorder. Nussbaumer-Streit B et Al., Cochrane Database Syst Rev, 2019 [3] Seasonal affective disorder, winter type : current insights and treatment options. Meesters Y et Al., Psychol Res Behav Manag, 2016 [4] Role of serotonin in seasonal affective disorder. Gupta A et Al., Eur Rev Med Pharmacol Sci, 2013 [5] Pathophysiology of seasonal affective disorder : a review. Lam R et al., Chronobiology and Mood Disorders Symposium, 2000