Sherina Berreby
Mieux vivre avec le syndrome du côlon irritable (SCI)

Maladie fonctionnelle digestive bénigne mais chronique, le syndrome du côlon irritable (SCI) présente des répercussions importantes au quotidien. Ce trouble fonctionnel de l’intestin affectant l'intestin grêle et le côlon nuit à la qualité de vie des patients avec des symptômes digestifs prégnants. En France, 9 millions de personnes souffriraient de ce trouble intestinal. Découvrez les tenants et les aboutissants de la maladie pour mieux maîtriser ses symptômes.
SOMMAIRE :
Qu’est-ce que le syndrome du côlon irritable ?
Aussi appelé colopathie fonctionnelle, le syndrome du côlon irritable (SCI) est une affection chronique touchant le fonctionnement du colon. Ce trouble est considéré comme fonctionnel, ce qui signifie qu'il n'y a pas de lésions ou d'anomalies visibles dans l'intestin.
Les femmes sont trois fois plus touchées que les hommes par ce syndrome qui apparaît généralement entre 30 et 40 ans. Les symptômes comprennent principalement des maux de ventre, des troubles du transit tels que des diarrhées, de la constipation et des ballonnements.
Des symptômes perturbant la qualité de vie
Le syndrome du côlon irritable présente des symptômes plus ou moins prononcés d’un individu à un autre. Les principaux symptômes comprennent :
Des douleurs abdominales (crampes, spasmes)
Des ballonnements ou sensation de distension abdominale
Des troubles du transit intestinal incluant des diarrhée et/ou de la constipation
Une forte envie d'aller à la selle juste après avoir mangé
Des changements dans la consistance des selles
Attention : tout diagnostic doit être effectué par un professionnel de santé et implique la présence de symptômes récurrents pendant au moins six mois.
Des facteurs favorisants identifiés
Évoluant par périodes de crise puis d’accalmie, le SCI peut être déclenché ou aggravé par certains facteurs impliquant le stress, certains aliments, des modifications hormonales, et des infections gastro-intestinales. Au fil du temps, la manifestation et l’intensité des symptômes peuvent varier.
Causes et mécanismes du syndrome du côlon irritable
Il est difficile d’identifier avec certitude tous les mécanismes impliqués dans le déclenchement de la maladie mais certains troubles ont déjà été identifiés :
La motricité intestinale altérée
Il s’agit des mouvements coordonnés et rythmiques des muscles de l'intestin qui permettent le passage des aliments. Chez certaines personnes atteintes du SCI, la motilité intestinale peut être accélérée (causant une diarrhée) ou à l’inverse, ralentie (causant une constipation).
Une forte sensibilité intestinale
La sensibilité intestinale élevée dans le syndrome du côlon irritable serait attribuée à une augmentation de la perméabilité de la paroi intestinale. Cela peut permettre aux molécules pro-inflammatoires présentes dans le tube digestif de pénétrer dans l'organisme, déclenchant une réaction inflammatoire généralisée. Cette inflammation peut ensuite contribuer à l'hypersensibilité intestinale observée dans le SCI.
Des perturbations de la flore intestinale
La présence d'un déséquilibre ou d'une perturbation de l'écosystème intestinal, également appelé dysbiose, peut entraîner une augmentation de la production de gaz digestifs, perturber la digestion et augmenter la perméabilité de la paroi intestinale. Cette augmentation de la perméabilité intestinale favorise les réactions inflammatoires. Les symptômes digestifs peuvent s'aggraver après les repas.
Un trouble amplifié par le stress et l’anxiété
Aujourd’hui, le lien entre stress et le syndrome du côlon irritable n’est plus à prouver. On observe une relation bidirectionnelle entre stress et symptômes du SCI. En d’autres termes, le stress est capable de déclencher les périodes de crises ou des les aggraver, tout comme les symptômes de la colopathie fonctionnelle peuvent engendrer du stress chez les personnes atteintes, créant ainsi un cercle vicieux.
Les personnes touchées par ce trouble présentent souvent une sensibilité accrue au stress. Les symptômes gastro-intestinaux sont exacerbés, avec un renforcement des douleurs abdominales, des ballonnements, et un transit intestinal encore plus perturbé. Des études suggèrent d’ailleurs que la mobilité intestinale est favorisée par des situations stressantes, ce qui entraîne une accélération ou un ralentissement du transit.
Si le mécanisme exact par lequel le stress renforce les symptômes du SCI n’est pas encore entièrement compris, la recherche suggère que cela implique des interactions entre le système nerveux central et le système nerveux entérique (la partie du système nerveux autonome qui contrôle le système digestif.)
Maîtriser les symptômes du SCI : quelles solutions existent ?
À ce jour, aucun traitement n’existe pour faire disparaître ce syndrome mais certains permettent de diminuer l’inconfort et les douleurs. Ce trouble peut être atténué par des changements diététiques, par une réduction du stress, par de l'exercice physique ainsi que par la prise de médicaments antispasmodiques ou régulateurs de transit pour soulager les symptômes. Chaque patient pourra définir avec son médecin le plan de traitement le plus adapté à sa situation.
Des techniques de gestion du stress
À la lumière du lien étroit entre les émotions et ce trouble intestinal, la gestion du stress joue un rôle fondamental dans le traitement du SCI. Relaxation, méditation, thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou exercice physique régulier peuvent réduire l'intensité des symptômes.
Le régime FODMAPs pour soulager l’intestin irritable ?
Le régime FODMAP qui se traduit en français par « oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles » est une approche diététique utilisée pour gérer les symptômes du syndrome du côlon irritable (SCI). Très restrictive, elle ne convient pas à tous les patients.
Ce que l’on appelle les “FODMAPs” sont des types de glucides fermentescibles que l’on retrouve dans certains aliments. Souvent mal absorbés par l'intestin, ils fermentent, ce qui peut entraîner des symptômes tels que des ballonnements, des gaz, des douleurs abdominales et des modifications du transit intestinal chez les personnes atteintes du SCI.
Ce régime FODMAP consiste à limiter temporairement les aliments riches en FODMAPs pour réduire la charge fermentescible dans l'intestin. Le régime FODMAPs se divise en deux phases : l'élimination et la réintroduction. Pendant la phase d'élimination, les aliments riches en FODMAPs sont supprimés du régime alimentaire pendant une période déterminée (habituellement 2 à 6 semaines) pour évaluer les effets sur les symptômes. Ensuite, pendant la phase de réintroduction, les aliments FODMAPs sont réintroduits progressivement un par un pour déterminer lesquels peuvent déclencher des symptômes chez chaque individu. Cela permet d'identifier les FODMAPs spécifiques auxquels une personne est sensible et de personnaliser ainsi son régime alimentaire pour favoriser un confort intestinal au quotidien.
Il est généralement recommandé de suivre ce régime sous la supervision d'un diététicien ou d’un nutritionniste spécialisé dans les troubles gastro-intestinaux.
Conseils pour gérer l’alimentation au quotidien
Face à des douleurs intenses souvent liées à la prise d’un repas, s’alimenter n’est pas toujours facile pour les patients atteints. Certaines recommandations diététiques peuvent vous aider à envisager plus sereinement les repas.
Le régime FODMAPs Comme évoqué précédemment, le régime FODMAPs peut soulager certaines personnes atteintes du SCI. De façon générale, il implique de limiter les aliments riches en FODMAPs, tels que les oignons, l'ail, les produits laitiers, les légumineuses, certains fruits et légumes, et certains édulcorants.
Les fibres alimentaires Certains types de fibres, comme les fibres solubles (présentes dans les flocons d'avoine, les graines de lin, les légumes cuits) peuvent être mieux tolérés que les fibres insolubles (présentes dans les grains entiers, les légumes crus, les fruits avec peau).
La répartition des repas Manger à des heures régulières et éviter de sauter des repas peut aider à maintenir une fonction intestinale plus stable.
Les aliments déclencheurs Il convient d’identifier les aliments spécifiques qui déclenchent ou aggravent vos symptômes pour mieux les éviter. Les réactions face à la prise d’un aliment varient d’une personne à une autre.
La cuisson des aliments Certains modes de préparation peuvent aider à rendre les aliments plus digestibles Les aliments frits seront la plupart du temps moins bien tolérés qu’une cuisson à la vapeur ou qu’une cuisson plus douce.
Sources :
https://www.vidal.fr/maladies/estomac-intestins/syndrome-colon-irritable.html
Blanchard EB, Scharff L, Schwartz M, et al. Relaxation training as a treatment for irritable bowel syndrome. Biofeedback Self Regul. 1991 Dec;16(4):439-50.
Lackner JM, Mesmer C, Morley S, Dowzer C, Hamilton S. Psychological treatments for irritable bowel syndrome: a systematic review and meta-analysis. J Consult Clin Psychol. 2004 Oct;72(5):1100-13.
https://www.livi.fr/sante/maladie-digestive/syndrome-intestin-irritable/
https://www.inserm.fr/c-est-quoi/la-rage-au-ventre-cest-quoi-le-syndrome-de-lintestin-irritable/