Sherina Berreby
Mieux comprendre les maladies chroniques inflammatoires de l’intestin (MICI)

Caractérisées par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif, les MICI regroupent deux maladies : la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH). Diarrhées impérieuses, douleurs abdominales… ces maladies entraînent au quotidien des symptômes aussi handicapants que délicats à aborder. Et pour cause : la sphère digestive recèle toujours sa part de tabou. Pourtant, le sujet est plus que jamais d'actualité en raison d'une forte hausse de ces maladies dans les pays industrialisés : les MICI toucheront une personne sur cent au cours de leur vie. Lumière sur un véritable enjeu de société saisit à bras le corps par la recherche.
Qu’est-ce que les MICI ?
Il s’agit d’un groupe de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin dues à une dérégulation du système immunitaire affectant le système digestif. On retrouve deux types de MICI : la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH). La majorité des MICI sont diagnostiquées entre 20 et 30 ans, bien que ces maladies puissent survenir à tout âge. Globalement, les symptômes des deux maladies sont relativement similaires.
Différences entre les deux maladies :
La maladie de Crohn peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche à l’anus. Toutefois, dans la majorité des cas, elle affecte la partie terminale de l'intestin grêle (l'iléon) ou le côlon. Selon la localisation de la maladie, les symptômes peuvent varier, mais ils comprennent généralement des douleurs abdominales, des diarrhées fréquentes, une fatigue intense, une perte de poids et une anémie.
La rectocolite hémorragique se limite quant à elle au colon et à l’anus. Elle se caractérise par une inflammation de la muqueuse colique, c'est-à-dire de la couche de tissu qui recouvre la paroi interne du côlon. Cette inflammation peut causer des douleurs abdominales, des selles fréquentes et sanglantes, de la fatigue et une perte de poids.
Évolution des maladies chroniques inflammatoires de l’intestin
Poussées inflammatoires et périodes de rémission
À ce jour, il n’existe pas de traitement pour guérir de ces maladies. Elles évoluent par poussées qui alternent avec des périodes de rémission. Les périodes de crise se caractérisent par des signes inflammatoires visibles lors des bilans sanguins ou par l’apparition de symptômes digestifs. Durant la rémission, l’inflammation diminue voire disparaît, laissant la muqueuse intestinale cicatriser. La durée des poussées, tout comme celle des périodes de rémission sont variables. Avec une bonne prise en charge, les périodes de rémission peuvent s’étaler sur plusieurs années.
Les complications éventuelles
Les complications liées aux MICI comprennent des occlusions intestinales, des fistules, des abcès et des perforations intestinales. Dans certains cas graves, la maladie peut nécessiter une intervention chirurgicale pour retirer une partie ou la totalité de l'intestin. Les MICI ont également été associées à un risque accru de cancer colorectal, en particulier chez les patients atteints par la maladie de Crohn. Ce surrisque est proportionnel à la sévérité et à la durée de l'inflammation et il augmente avec l'âge. Aussi, les patients atteints de MICI doivent être régulièrement soumis à des examens de dépistage pour détecter d’éventuelles lésions précancéreuses ou cancéreuses.
Les pays industrialisés plus touchés : des maladies occidentales ?
À travers le monde, la prévalence de ces maladies varie considérablement. Les pays les plus concernés par ces maladies sont les pays industrialisés, avec une forte incidence en Europe du Nord-Ouest et aux Etats-Unis. Les pays en cours de développement connaissent également une hausse des MICI. C’est notamment le cas de l’Inde, des pays du Moyen-Orient ou de l’Afrique du sud.
Les causes des MICI : des maladies encore mal comprises…
Il est difficile d’expliquer les causes exactes des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI). Néanmoins, différents facteurs de développement ont été identifiés par les chercheurs.
Des facteurs génétiques
Les risques de développer une MICI sont plus élevés en cas d’antécédents familiaux. Plus de 170 gènes ont été identifiés comme étant associés à cette prédisposition, dont certains sont communs aux deux types de MICI, et d'autres sont spécifiques à l'un ou l'autre. Toutefois, leur impact sur le développement de ces maladies est généralement modéré, à l'exception d'un polymorphisme du gène NOD2/CARD15, qui peut multiplier le risque de développer la maladie de Crohn par 40.
Des facteurs environnementaux
De nombreuses études ont suggéré que l’alimentation pouvait être mise en cause dans le développement et la progression de ces maladies. Ont été pointés du doigt une alimentation riche en graisses saturées, en sucres et en aliments transformés.
Certaines infections bactériennes ou virales peuvent être également un facteur de développement. C’est notamment le cas de l’infection à Clostridioides difficile (ICD). Le tabagisme est également un facteur de risque important pour la maladie de Crohn avec un risque 2 fois plus élevé de développer la maladie chez les fumeurs. À l’inverse, le risque de développer une rectocolite hémorragique est 2,5 fois moins élevé chez les fumeurs et la maladie est souvent moins sévère chez ces derniers.
Le stress, s’il n’est pas une cause directe de MICI, peut toutefois aggraver les symptômes de la maladie. Notamment par son action délétère sur le microbiote intestinal, sur le système immunitaire et sur la barrière intestinale.
Un déséquilibre de la flore intestinale (dysbiose)
Le microbiote intestinal, ces microorganismes qui tapissent le système intestinal ont aussi un rôle dans l’apparition des MICI. Une dysbiose peut entraîner une inflammation et ainsi endommager la muqueuse intestinale. Chez les patients atteints par une MICI, on retrouve un déséquilibre du microbiote pouvant favoriser l’apparition ou le renforcement de l’inflammation.
Un dysfonctionnement du système immunitaire
Les MICI sont des maladies auto-immunes, elles résultent donc d'un dysfonctionnement du système immunitaire. Ce dernier s’attaque aux tissus de l'intestin, provoquant alors une inflammation chronique.
Les principaux traitements des maladies chroniques de l’intestin
Les traitements existants visent principalement à diminuer l’inflammation, à soulager les symptômes et à prévenir les rechutes. Ils sont choisis selon le type et la sévérité de la maladie. Parmi les plus répandus, on retrouve :
La prise d’anti-inflammatoires pour réduire l'inflammation du système intestinal. Par exemple des corticostéroïdes, des aminosalicylates ou des immunosuppresseurs.
La prise d’antibiotiques parfois utiles en cas d’infection bactérienne susceptible d'aggraver les symptômes de la maladie.
Des médicaments ciblant les parties du système immunitaire responsables de l'inflammation, comme des anticorps monoclonaux tels que l'infliximab et l'adalimumab.
La chirurgie peut également s’avérer nécessaire dans certains cas pour enlever les parties endommagées du système intestinal.
Un changement de mode de vie incluant une modification des habitudes alimentaires, une meilleure gestion du stress et l’arrêt du tabac peuvent réduire les symptômes et prévenir les rechutes. Il est à noter que le traitement le plus adapté doit être déterminé avec votre médecin.
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Références bibliographiques :
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